Eva Byele est écrivaine, metteuse en scène et comédienne. Depuis plusieurs années, elle se bat pour la reconnaissance des femmes artistes. Elle a notamment mis en scène « Ecrivaines », réunissant sur scène six auteures et comédiennes autour de textes de femmes célèbres et de textes originaux afin de faire (re)découvrir de grandes figures féminines de la littérature.Dans cette tribune, elle revient sur l’importance de mettre en valeur nos grandes écrivaines.
La France s’enorgueillit de la place de choix qu’elle réserve à sa culture. Son cinéma, sa littérature, son patrimoine, sa langue, ses arts, en constituent le socle. Elle est ce qui fait la richesse d’un pays, ce qui contribue à la fierté d’être Français. C’est en quelque sorte une histoire commune, ce qui crée le sentiment d’appartenance. Mais la culture est également un formidable outil de soumission et une arme de domination. Elle est ce qui constitue l’imaginaire d’un peuple. Ainsi, comme l’Occident a créé « l’Orient » pour asseoir sa domination avec l’orientalisme, la culture française promeut une certaine idée du monde, de la France et de la « femme ».
Il suffit de regarder les publicités, le cinéma, la littérature, les séries télévisées pour comprendre l’image de la femme véhiculée dans les arts et dans les médias. Tout ce qui permet d’encenser une certaine idée de l’homme et du pouvoir sera encouragé, tout ce qui permet de promouvoir une certaine image de la femme sera encouragé. Le reste sera constamment en marge. Pensons aussi à la place allouée aux femmes dans les métiers de la culture et les budgets qui leur sont attribués, les prix et récompenses décernés… Lorsque l’on parle de culture, il s’agit de comprendre : de « quelle » culture parlons-nous ? Et surtout « qui » fait cette culture ? Quelle est cette « histoire commune » que nous transmettons ou plutôt que nous choisissons de transmettre aux générations ? Parmi les grands artistes et écrivains, quels écrivains et quelles œuvres vont être dignes d’être enseignées ?
Au cours des siècles, comme le révèle Françoise Chandernagor dans la préface de son Anthologie de la poésie féminine, nous constatons la disparition du nom des grandes écrivaines dans les anthologies de littérature et de poésie. Et nous ne pouvons que déplorer que leurs œuvres ne soient pas enseignées dans le milieu scolaire. Or, l’école est le premier vecteur pour faire d’un auteur un génie national comme ce fut le cas de Charles Baudelaire ou de Victor Hugo. En fait, il y a une volonté étatique pour faire de tel ou tel poète un génie national. Sans reconnaissance, quid de nos grandes écrivaines ? Si elles ne sont ni enseignées, ni enterrées au Panthéon sur le fronton duquel il est écrit : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante » … Ainsi perdurent les croyances qu’il n’y a pas de grandes écrivaines, leurs noms étant effacés des mémoires et leurs œuvres non transmises. Pourtant, le monde, l’art et la culture se sont enrichis de leurs œuvres.
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