Agrégée de Lettres classiques, Aurélie Filippetti a été ministre de la Culture entre 2012 et 2014. Aujourd’hui professeure de littérature, notamment à Sciences Po, elle enseigne également dans plusieurs disciplines culturelles. Romancière, elle a publié en 2018 un roman politique, Les Idéaux.
On vous connaît aujourd’hui pour avoir été ministre de la Culture, mais vous êtes avant tout une femme de lettres. Qu’est-ce que la littérature représente pour vous ?
La littérature est essentielle à ma vie. Elle est ma passion la plus importante, ce qui me préoccupe et m’interpelle le plus. Pour moi, elle représente une ouverture sur le monde. Lire un livre, c’est connaître une grande liberté. On est toujours dans un échange avec des auteurs, avec des idées, des époques. C’est un échange des subjectivités.
Entre Amazon et le succès des écrans, considérez-vous que la littérature soit en danger ?
L’édition l’est. Mais je ne pense pas que la littérature, tout comme la poésie, soient véritablement en danger. Il y aura toujours des gens pour la porter. En revanche, il faut se méfier de notre circuit économique. Pour ce qui est d’Amazon, je suis inquiète sur son monopole qui prend le monde en otage. L’entreprise représente un danger pour notre diversité culturelle. Son mécanisme est destructeur. D’ailleurs, cela a été un comble pendant le confinement : Amazon a eu le rôle de ce que l’on peut appeler « les profiteurs de guerre » tout en faisant travailler des employés dans des conditions périlleuses.
Comment lutte-t-on contre ce danger de destruction culturelle ?
Il existe beaucoup d’alternatives à Amazon ! Rien qu’en France, nous avons des plateformes créées par des librairies. En tant que citoyens consommateurs, il nous appartient de nous responsabiliser. Pour le moment, nous sommes victimes d’une stratégie commerciale. Nous avons évoqué ce problème avec mes étudiants et l’avons appelé « l’effet casino » : quand vous êtes sur un site comme Amazon, il est très facile d’acheter car l’interface est ludique. Elle nous fait ressentir la même sensation d’excitation que lorsque vous jouez au casino … avec la quasi-certitude de perdre !
Pensez-vous que cette période de confinement nous ait donné davantage conscience de l’importance de la culture ?
On a vu l’importance de la culture, mais aussi la faiblesse de notre système. Du point de vue de la population, je pense que nous nous sommes aperçus à quel point la culture est essentielle à la vie de chacun et à celle du pays. La situation me rappelle la grande grève des intermittents du spectacle en 2013, qui a engendré l’annulation du festival d’Avignon cette année-là. La culture est essentielle à notre bonheur, elle est même un besoin vital, comme l’eau, l’air, la nourriture.
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