Embrasser le monde

La culture est-elle un luxe ?

La question est récurrente. On voit des gens intimidés, se dire que l’opéra ou le théâtre, ce n’est pas pour eux, se défier des « intellos » (à tel point que dans certains cas, cela devient une insulte). Alors autant répondre clairement tout de suite et ne pas céder à la tentation hypocrite du plan automatique « thèse, antithèse, synthèse » qui évite à chacun de penser et qui conforte tout le monde.

Non.

La culture plus que jamais est accessible au plus grand nombre. Elle est partout, tout le temps à qui saura la voir. Le frisson est là, à portée de clic, à la première note, on pourra s’émerveiller d’une chanteuse qui se filme seule avec son ukulélé et livre des reprises célestes sur instagram. On pourra écouter Beethoven. On pourra lire Albert Camus, Baudelaire ou Dostoïevski, souvent en déboursant très peu, voire rien du tout. Evidemment les places au poulailler de la Comédie Française sont inconfortables, mais elles existent et sont bon marché.

La culture est de moins en moins affaire de moyens financiers, mais elle est affaire de choix, d’effort individuel et de discipline. De résistance, plus que jamais. Au temps court des réseaux sociaux et des infos continues qui nous assaillent, à cette tyrannie du réflexe et du reptilien, qui s’oppose à la méditation, au recueillement, à la réflexion. Aller au cinéma, au spectacle, ouvrir un livre, c’est s’abstraire. C’est éteindre tous les écrans et faire un pas de côté, c’est exigeant. Ce n’est pas un plaisir, un divertissement, c’est un engagement.