Joe Biden, un président écolo ?

Alors que son prédécesseur avait relégué la question climatique au rang des complots, le nouveau Président des Etats-Unis entend bien prendre le contre-pied de ce discours. Mais son programme est-il si « vert » qu’il le prétend ?

 L’écologie made in Trump

Il y a quatre ans, nous étions très nombreux.ses à nous arracher les cheveux lors de l’élection de Donald Trump. Parmi les raisons qui nous effrayaient à la perspective d’une élection du milliardaire américain, il y avait son climatoscepticisme. Donald Trump avait axé une bonne partie de sa campagne sur la promesse d’exploiter au maximum les énergies fossiles pour relancer l’activité économique américaine. Cette promesse était accompagnée d’un rejet de la réalité du réchauffement climatique. Parmi les phrases prononcées par Trump, une avait particulièrement marqué l’opinion publique : le réchauffement climatique était en réalité une invention des chinois pour fragiliser l’économie américaine. Très difficile, donc, d’imaginer que Trump aurait oeuvré à la réduction de l’empreinte carbone de son pays. Quatre ans plus tard, ces peurs se sont confirmées : le Président républicain a bien encouragé le développement des industries fossiles extrêmement polluantes et il est sorti des accords de Paris sur le climat. Pendant la très récente campagne présidentielle, il a, encore une fois, refusé d’admettre la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles (incendies, ouragans, notamment) qui adviennent de plus en plus fréquemment, aux Etats-Unis et ailleurs.

Dans ce contexte, son opposant, Joe Biden, a axé une partie de sa campagne sur des engagements quant aux émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis. Il a promis de revenir dans les Accords de Paris. Il a proposé un plan pour aller vers une neutralité carbone en 2050. A première vue, donc, des nouvelles encourageantes.

La réalité, hélas, est bien plus nuancée. Certes, il sera difficile pour Biden de faire pire que Trump en termes d’engagements pour le climat. Pour autant, un certain nombre de points incitent à être critique.

Dans le sillage de Barack Obama

Dans un premier temps, il ne faut pas oublier qui est Joe Biden, d’où il vient, et sur quelle position dans l’échiquier politique il se situe. Loin d’être un grand justicier et défenseur du climat, comme il a pu être présenté lors de sa campagne, le nouveau Président est un centriste de 78 ans, impliqué dans la politique depuis plusieurs décennies, anciennement vice-président de Barack Obama.  Malgré l’image de président “écolo” qu’est parvenu à se construire ce dernier, son bilan est bien plus contrasté.  Si Barack Obama a contribué à la création d’un nombre très important de zones protégées aux Etats-Unis, il a surtout été le président qui a le plus encouragé l’extraction de gaz de schiste. Le nombre de sites d’extraction a massivement augmenté après 2009, première année de la présidence Obama. Or, le gaz de schiste s’est avéré être extrêmement polluant et dangereux pour l’environnement, notamment à travers la technique de fracturation hydraulique utilisée pour l’extraire. Cette technique provoque des fuites massives d’éthane, un puissant gaz à effet de serre qui, dans les couches les plus basses de l’atmosphère, peut provoquer l’oxydation des plantes et qui est irritant pour le système respiratoire. En 2015, des traces d’éthane ont même été retrouvées en Europe. Et si Obama a empêché des forages pétroliers dans certaines zones, il les a massivement autorisés ailleurs, notamment dans le Golfe du Mexique.

La politique de Joe Biden semble s’inscrire dans la suite de ce qui a été fait par Obama. La volonté affichée est celle de réduire les émissions, mais les fondements idéologiques sont en décalage. Ce que promet Joe Biden, et avec lui bon nombre de dirigeants politiques néo-libéraux (Justin Trudeau, Emmanuel Macron, entre autres), c’est un capitalisme vert. Le PIB, l’économie, la croissance, restent au centre des préoccupations. L’”écologie” envisagée est celle des voitures électriques, des champs de panneaux solaires à outrance et des accords d’échanges trans-atlantiques. Or, il ne faut pas regarder bien loin pour se rendre compte que cette “écologie” ne fonctionne pas. Depuis les années 1970, combien d’accords, de conventions, de traités ont été signés sans que cela ait un quelconque effet sur le réchauffement climatique ? Combien de fois les dirigeants politiques et les entreprises se sont-ils engagés à faire des efforts alors que les émissions au niveau mondial ne cessent d’augmenter ?

 Finalement, cette “écologie”, de plus en plus en vogue dans les instances politiques, est facile à envisager : on réaffirme vouloir réduire les émissions carbone sans remettre fondamentalement en cause le système qui encourage ces émissions.

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