Les États-Unis sont-ils toujours les gendarmes du monde ?

Depuis maintenant un siècle, la diplomatie américaine semble fondée sur une alternance entre des périodes d’interventionnisme et d’isolationnisme. Le début du mandat de Joe Biden, qui débutera en janvier en 2021, annonce le retour d’une politique portant un réel intérêt pour le monde extérieur.

Les gendarmes du monde

C’est en 1918, il y a maintenant plus de cent ans, qu’une première fracture idéologique avec la doctrine Monroe naît sous la plume du Président états-unien Thomas Wilson. Cette fracture a un nom : il s’agit des fameux Quatorze points. Il n’est plus question pour les Etats-Unis, qui ont connu un an de conflits armés sur le vieux continent, de rester hors des affaires européennes.

La Première Guerre Mondiale achevée, l’isolationnisme américain se réinstaure et la fracture semble réparée. Lorsque survient la Seconde Guerre Mondiale, la superficialité de cette réparation est plus qu’évidente : le pays est scindé par une barrière derrière chaque côté de laquelle se regroupent d’une part les adeptes de l’isolationnisme, défavorables à l’entrée des Etats-Unis dans la guerre, et d’autres part les partisans interventionnistes. La suite est celle que l’on connaît : les événements de Pearl Harbor viennent signer le début d’une période de combats menés aux côtés des Alliés qui durera jusqu’à la fin de la guerre. Mais en 1945, Les Etats-Unis refusent de laisser l’histoire perpétuer et se refusent à se retirer à nouveau de la politique européenne.

La Guerre Froide débute donc, et les Etats-Unis se voient passer dans l’opinion publique d’ « arsenal des démocraties » à « gendarmes du monde », un surnom qui leur collera longtemps à la peau, avant d’être à présent placé sur une balance encore en mouvement dans la période de transition de pouvoir actuelle.

 Bilan Trump : Un mandat isolationniste ?

Donald Trump n’a pas attendu de s’installer au bureau ovale pour choquer le monde par ses propos à l’égard de l’immigration. L’exemple devenu type est le projet du mur entre Mexique et États-Unis ; Trump n’est pourtant pas à l’origine de ce projet, qui devait découler de l’adoption du Secure Fence Act en 2006.

Le mandat Trump, c’est donc un enchevêtrement de suppressions d’accords et de mesures plus ou moins anciens. Ce qui fait basculer la politique états-unienne dans une tentative de mise à l’écart vis-à-vis du reste du monde. Lorsqu’en 2016, Donald Trump bloque l’accès aux immigrés irakiens, iraniens, libyens, somaliens, soudanais et yéménites pour trois mois et aux immigrés syriens pour une durée indéterminée, il accuse Sally Yates, choquée par cette décision, de trahison. C’est cette subjectivité, ce rapport personnel à la politique qu’il mène et qui se traduit par des mots forts, des « punchlines », des interprétations personnelles qui ont dessiné les contours de la politique trumpienne. En 2017, alors que des violences retentissent dans les rues lors des manifestations menées par les suprémacistes blancs, on ne le verra jamais protester contre l’idéologie qui a mené aux dits actes : l’entremêlement qu’il fait de sa perception personnelle des choses et du monde politique l’entraîne à ne désapprouver publiquement que les dévastations matérielles commises. On retiendra aussi de ce mandat le retrait américain de bien des accords : Cuba, partenariat transpacifique, accords de Paris sur l’écologie, Organisation Mondiale de la Santé.

Le mandat Trump, est-ce donc un abandon de la valeur de « gendarmes du monde » que l’on attribue généralement aux États-Unis ? Oui, selon Nicole Bacharan, spécialiste des Etats-Unis. Comme elle nous l’explique, c’est « un renoncement qui n’a pas commencé avec Donald Trump, mais que ce dernier a brutalement accéléré par toutes sortes de manières. En réfutant les vieilles alliances, en considérant ses alliés comme ses ennemis, leur reprochant de « coûter trop cher » ; comme si l’intérêt des alliances se mesurait en argent… » Nicole Bacharan relève aussi sa manie de se montrer « extrêmement flatteur et conciliant avec des autocrates de toutes sortes qui ont considéré (à juste titre d’ailleurs) que les États-Unis n’interviendraient pas militairement, diplomatiquement ou publiquement ». Enfin, en retirant les troupes américaines d’Afghanistan, d’Irak, de Syrie, de Somalie, toutes sortes de régions extrêmement  instables où l’armée américaine jouait un rôle de « tampon ». Un pari qu’il espère tenir pour le 20 janvier prochain.

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