Le 45eme locataire de la Maison Blanche a cumulé des records, et ses tweets incessants ont vite lié dans l’imaginaire collectif la gouvernance de Donald Trump et le réseau social. Zoom sur la manière dont l’un des réseaux sociaux les plus utilisés de la planète a changé la perception de l’exercice de la politique.
Origine et réalisation d’une recette magique
En 2020, Twitter compterait 326 millions d’utilisateurs actifs mensuels, dont 67 millions aux États Unis d’Amérique. Ce palmarès américain se retrouve dans le Top 10 des comptes les plus suivis dans le monde. Le président Donald Trump arrive à la septième place en septembre 2020 avec plus de 86 000 000 followers… mais premier en termes d’activité, à raison de 17 tweets par jour. Cette conquête du réseau social n’est pas née de 2016. Donald Trump était d’ores et déjà familier avec cet outil de communication bien avant son entrée à la Maison Blanche. Habitué à utiliser Twitter, son activité quotidienne depuis l’ouverture de son compte en 2009, il a donné naissance à 45 000 tweets originels, lui permettant de se saisir d’un outil de communication essentiel et surtout de l’accoler à son image.
Quand on parle de Twitter aujourd’hui, on pense très facilement à son fameux utilisateur, qui a su se démarquer par ses messages de campagne en 2016. Habitué par des années de télévision et de vente de la marque Trump, il a monopolisé l’attention du public autour de sa personne. Sa constante présence dans les médias lui vaudrait d’ailleurs sa victoire d’après des spécialistes des techniques de la communication : chaque couverture de sa personne était une publicité, même mauvaise. Donald Trump s’est démarqué en usant d’un monopole de l’occupation de l’espace de communication.
Cette dynamique de vendre sa personne plutôt que ses idées s’est retrouvée lors d’un mandat ponctué de tweets quotidien du président : félicitations sur des évènements, réactions véhémentes à ses opposants politiques, satires et coups d’éclat, c’est un véritable patchwork de multiples réactions qui semblent, au premier coup d’oeil, être animées de sentiments spontanés et irréfléchis. Et il est vrai qu’en 280 caractères on imagine difficilement la rédaction complète d’un raisonnement complexe. Par ses raccourcis, le Président pourrait être considéré comme inconscient de ses propos. Mais il ne faut pas oublier qu’il est entouré d’une équipe composée des meilleurs communicants en politique et qui ne cesse de le conseiller sur un énième tweet.
Chacun de ses partages est en réalité calculé et intéressé. En quatre ans et 24.000 tweets, le président a su faire de son compte un véritable tremplin à ses idées politiques, et martelé quotidiennement tour à tour contre les démocrates et les médias, fameux diffuseurs de “Fake News”. Victimes de ses attaques, on peut compter le Washington Post, le New York Times ou CNN. Décrédibilisés, les médias, ont dû faire preuve d’encore plus de vigilance quant à leurs informations. Ses cibles favorites, qu’il ne cesse de rabaisser dans un pur calcul politique mais surtout d’égo : la “Tricheuse” Hillary Clinton, “Sleepy Joe” son adversaire des élections de 2020 Joe Biden, mais surtout son prédécesseur Barack Obama. C’est une véritable obsession qui s’est développée avec 630 tweets par l’actuel locataire de la Maison Blanche depuis 2017, selon le site Trump Twitter Archive.
Parler de lui, encore et toujours, mais surtout se définir des ennemis précis a permis de stimuler son électorat, la menace semblant toujours planer selon ses tweets. En renchérissant ses accusations, le Président a instauré un rapport de force inédit, en confrontation totale et toujours avec la même vigueur, lui permettant d’avoir un ascendant sur l’opinion publique de son pays. Être le moteur du débat, c’est avoir le pouvoir d’en déclencher un au bon moment, et ainsi de détourner l’attention. Et n’est-il pas toujours opportun qu’un débat soit initié par le président sur un sujet massivement traité par les médias alors qu’à sa frontière avec le Mexique meurent impunément des migrants, sans aide et condamnés par l’abandon du locataire de la Maison Blanche ? Occuper le terrain lui permet d’être un médiateur des discours du pays, d’une manière unique. L’attention est tournée vers ses propos, détournant partiellement l’attention de problèmes qu’il préfère tout simplement ignorer.
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