L’Europe est-elle espionnée par la NSA

Une fois par semaine, Combat décrypte le sujet que VOUS avez choisi. Cette fois-ci, vous avez choisi celui sur l’espionnage d’Angela Merkel par la NSA.

C’est un espionnage de haut niveau. De 2012 à 2014, avec l’aide des services de renseignement danois, les États-Unis ont espionné la chancelière allemande Angela Merkel ainsi que d’autres dirigeants et responsables européens, ont révélé un consortium de grands médias européens, dont la chaîne de télévision publique danoise Danmarks Radio et Le Monde, dimanche 30 mai. Le lanceur d’alerte américain Edward Snowden, ancien informaticien de la CIA aujourd’hui réfugié en Russie, avait déjà fait savoir en 2013 que le téléphone portable de la chancelière Angela Merkel était espionné. Voici ce que l’on sait de ce nouveau cas d’écoutes téléphoniques entre pays théoriquement alliés.

L’affaire danoise

Selon l’enquête de la télévision publique danoise, la National Security Agency (NSA) américaine s’est connectée, entre 2012 et 2014, sur des câbles de télécommunications danois pour espionner les dirigeants et hauts fonctionnaires européens. Aidée par les services de renseignement militaire danois, la NSA a pu accéder aux espions sur les SMS, les appels téléphoniques et le trafic Internet, y compris leurs recherches, leurs chats et leurs services de messagerie.

Cet espionnage de la NSA est documenté dans un rapport interne du renseignement danois intitulé « Opération Dunhammer ». Elle a également fait l’objet d’une présentation à la direction des services de renseignement danois en mai 2015, toujours selon la télévision danoise, qui a eu accès à des informations classifiées et s’appuie sur de multiples sources.

Ni les services de renseignement danois ni leur directeur d’alors, Lars Findsen, n’ont commenté les révélations. Mais son affaire apporte un éclairage nouveau sur le limogeage en août dernier de Lars Findsen, de son prédécesseur, Thomas Ahrenkiel, et de trois autres agents. Tous ont été renvoyés par le ministre danois de la Défense qui, selon la télévision danoise, avait été informé au même moment de l’espionnage des Européens. La raison précise de leur exclusion n’a jamais été rendue publique. Dans un bref communiqué, la ministre Trine Bramsen a jugé « inacceptable (…) l’espionnage systématique de ses proches alliés ».

« Les grandes oreilles américaines »

Seul pays nordique membre de l’OTAN et de l’Union européenne, le Danemark est l’un des plus proches alliés de Washington en Europe, auquel il a notamment fourni des soldats pendant la guerre en Irak.

Il s’agissait d’espionner des hauts fonctionnaires en Allemagne, en Suède, en Norvège et en France. Parmi les responsables en question figurent la chancelière allemande Angela Merkel, puis le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier et le leader de l’opposition Peer Steinbrück.

Des responsables français font également partie des personnalités surveillées, mais leurs noms n’ont pas été divulgués. L’Elysée, contacté par Le Monde, a refusé de répondre aux questions.

Cette affaire d’espionnage confirme les informations d’Edward Snowden datant de 2013. Cet ancien employé de la NSA avait alors révélé l’existence d’un système mondial de surveillance des communications et d’Internet par « les grandes oreilles américaines ». Il avait déjà indiqué à l’époque que le téléphone portable de la chancelière Angela Merkel était espionné.

A la suite de ces révélations, le quotidien britannique The Guardian affirmait en octobre 2013 qu’un cadre de l’administration américaine avait partagé les numéros de téléphone de 35 dirigeants mondiaux avec la NSA.

Interrogé sur France info, le secrétaire d’État aux Affaires européennes Clément Beaune a condamné ces pratiques. « C’est extrêmement grave, il faut vérifier si nos partenaires de l’UE, danois, ont commis des erreurs ou des fautes dans leur coopération avec les services américains », s’est-il ému. Côté américain, Clément Beaune a appelé à « voir si effectivement, il y avait (…) l’écoute, l’espionnage des responsables politiques », n’excluant pas l’idée d’en « tirer les conséquences en termes de coopération ».

« Entre les alliés, il doit y avoir, même si nous ne sommes pas dans un monde de Bisounours, de la confiance, une coopération minimale, donc ces faits potentiels sont sérieux », a-t-il ajouté, précisant qu’ « il va y avoir un certain nombre de protestations diplomatiques ». Si les faits sont vrais. Berlin, Stockholm et Oslo ont également déclaré avoir demandé des explications, même si l’avertissement était moins fort que celui de Paris. Ainsi, l’Allemagne « est en contact avec tous les interlocuteurs nationaux et internationaux pour obtenir des éclaircissements », a indiqué le porte-parole du gouvernement lors d’un point de presse.

En effet, peut-il vraiment y avoir un risque de sanctions ? Antoine Lefébure, auteur de L’Affaire Snowden, comment les États-Unis espionnent le monde et interrogé par France info, est formel sur ce point : selon lui, la France et l’Europe ne peuvent « rien du tout » sur ce fichier.

Solène Robin

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