Chaque vendredi, une nouvelle ou un bout d’histoire…
Prologue
Un mégot à la gerçure des lèvres et quatre shots de whisky dans les veines. Le sang liquéfié dans le mécanisme de vodka, du rock psychédélique au creux de l’oreille comme un souffle de ton haleine à la saveur de l’absinthe. J’ai un mégot à la gerçure des lèvres et quatre shots de whisky dans les veines et je me crois. Poète. Poète raté et écrivain maudit d’une respiration noire des cendres de nos joints. Quelque chose reste, quelque chose de loin, quelque chose qui semble un peu beau. De belle, plutôt. Elle m’a emmené ou je n’étais pas et perdu au fond de ses yeux désolés, je me suis abandonné au point de la laisser. Trop fou elle m’a laissé à mi-chemin entre moi et elle. A elle je ne pouvais plus y arriver et à moi je ne pouvais plus y retourner. Elle m’a laissé là entre le rebelle trop timide et le stoner pas assez camé. Elle qui voulait écrire des livres, légaliser le cannabis, derrière ses airs de fille bien élevée. Elle m’a bien eu. Elle a su séduire et j’imagine qu’elle le sait toujours. Elle ira loin. Moi, je ne suis rien si ce n’est que vingt ans de vie et déjà l’attente de quelque chose dont je ne sais rien. A quel moment avons-nous le choix entre le rien et le nulle part? En ce qui me concerne je penche vers le nulle part, alors je suis parti et je suis là au bord de la falaise observant la mer grise sous cette pluie fine qui m’insupporte. J’attends un signe, quelque chose de ce putain de Dieu, un signe qui me permettrait de rester en vie.
La suite fera impitoyablement de moi un salaud, et voilà une lointaine image que je voudrais vous donner mais la cruauté avec laquelle je tue et l’implacable incompréhension de mon entourage sont des faits qui vous pousseront à croire cela de moi. Je vais vous souffler l’idée d’un fou d’écrire un livre qu’il n’arrive jamais à finir. Ouvrage qui le collera jusqu’à son âme. La punition qui m’eut été infligée de devoir relater cette histoire saccadée par ma respiration meurtrie.
La suite vous fera part d’une caresse de mots maladroits par sa première fois. Les débuts chaotiques de mon destin de traîner l’encre sur mon dos. Il n’y a ni moral, ni belle fin. Seulement une envie sanguine de coucher mes phrases pour m’en débarrasser à jamais et passer à une autre que j’espère plus frivole, moins lourde à avaler et moins fatigantes pour les asthmatiques.
Je ne vous incite, dans cet écrit, ni à fumer, ni à boire, ni à tuer qui que ce soit (je préfère le préciser), au contraire, fuyez ces prisons le plus vite possible, j’aurai donné tout ce que je possédais pour récupérer ma liberté. Je ne vous incite pas non plus à lire ce livre qui est à mon goût imprégné de mauvaises pensées et de désespoir qui ne laisse pas place à une once de sourire.
Je vais donc vous raconter l’histoire insipide de mon voyage, de la France à la Suisse, de la Suisse à l’Allemagne et de l’Allemagne à la France.
Cordialement
Par Coline Minaud-Lehmann
