
Une fois par semaine, Combat décrypte le sujet que VOUS avez choisi. Cette semaine, vous avez choisi le partenariat lancé par les îles du Pacifique.
A l’heure où le Qatar annonce 160 vols journaliers pendant la Coupe du Monde à venir, les îles du Pacifique tirent la sonnette d’alarme et s’unissent pour demander aux pays membres de l’ONU de prendre des mesures drastiques pour leur conservation. Une initiative dévoilée le 21 septembre, en parallèle du Forum du Pacifique de l’ONU.
« C’est comme ça qu’un atoll du Pacifique meurt »
Loin d’être responsables des émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent la planète et font augmenter le niveau de la mer, comptant pour seulement 0.03 pour cent des émissions de gaz à effet de serre, les îles du Pacifique sont pourtant les premières touchées par les changements climatiques que notre société connaît, subissant pleinement les dérives d’autres pays pollueurs : le niveau de la mer augmente, l’accès à l’eau potable ainsi qu’à l’électricité et aux infrastructures n’est plus garanti, l’agriculture y est de plus en plus difficile. A cela s’ajoutent le départ des habitants vers de meilleures conditions de vie, et l’arrêt du tourisme. « C’est comme ça qu’un atoll du Pacifique meurt », déclarait le 23 septembre dernier le Premier ministre des Tuvalu, Kausea Natano, devant l’Assemblée générale de l’ONU.
L’occasion pour le Premier ministre de présenter aux Etats membres de l’ONU présents pendant cette Assemblée l’accord passé le 21 septembre avec les îles Marshall et leur président David Kabua, nommé “Rising Nations Initiative”, pensé pour garantir l’héritage des atolls du Pacifique de la menace du changement climatique.
D’ores et déjà soutenu par plusieurs pays comme le Canada, l’Allemagne ou les Etats-Unis, ce partenariat appelle à un accord en quatre points : la réaffirmation de l’engagement de la communauté internationale à garantir leur souveraineté ; le lancement d’un programme d’adaptation afin de protéger leurs modes de vies ; la création d’un répertoire afin de préserver l’héritage culturel des îles ; l’assurance du soutien de pays afin d’obtenir le statut de Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco.
Un programme complexe, présenté par le dirigeant des Tuvalu comme un « problème de la plus haute importance », la hausse du niveau de la mer étant « la plus grande menace existentielle à laquelle (le) pays doit faire face », risquant d’être « complètement submergé dans le courant du siècle », voire dans « deux ou trois décennies » si la limitation à 1,5 °C de l’augmentation de la température de la planète, approuvée par l’Accord de Paris de 2015, n’est pas respectée. « La crise climatique menace de plus en plus l’avenir de gens à travers le monde », a déclaré le Premier ministre, avant d’ajouter : « paradoxalement, dans ma région du Pacifique, l’avenir paraît de plus en plus assuré, mais pas d’une manière qui nous conforte ».
Une action soutenue par les Etats-Unis
Plus tard dans la journée du 23 septembre, les dirigeants du Pacifique ont rencontré le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, en marge de la semaine de haut niveau de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, afin de discuter de questions urgentes pour le Pacifique bleu et la communauté internationale. L’objectif : que la COP27 et la COP15 soient des moments d’action décisive sur ces crises. Déjà en 2015, les îles du Pacifique et les Etats insulaires avaient demandé aux Nations Unies de baisser les émissions de gaz à effet de serre pour éviter des conséquences irréversibles.
Mais cette fois-ci, l’alerte semble avoir un écho plus important, à commencer chez les Etats-Unis. Mercredi 28 et jeudi 29 septembre, le président américain, Joe Biden, invitait à Washington, les dirigeants et représentants de quatorze pays et collectivités du Pacifique à l’occasion du premier Sommet pour les îles du Pacifique. Parmi les îles présentes : les îles Salomon, Marshall, Fidji, Tonga, la Nouvelle-Calédonie ou encore la Polynésie française. A l’issue de celui-ci, les participants ont signé une déclaration sur le partenariat Etats-Unis-Pacifique englobant des points majeurs tels que la crise écologique ou encore la situation économique post-covid.
Une rencontre qui ressemble à un pied de nez américain face à la Chine : au début de l’été, le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, avait entrepris une tournée exceptionnelle dans huit Etats insulaires du Pacifique Sud dans l’espoir de conclure un accord multilatéral sur la sécurité et l’économie. Or, cette proposition était restée lettre morte. Avec ce partenariat, la Maison Blanche fait d’une pierre deux coups avec un message diplomatique fort : le gouvernement américain indique prendre le contre-pied de la politique environnementale menée par Donald Trump, tout en assurant sa présence dans le Pacifique.