Sortir de la prise d’otage consumériste

Pour Mehdi Bouchali, la vraie révolte peut aussi passer par les modes de consommation des ménages. Tribune.

“Ceux qui se sont sagement limités à ce qui leur paraissait possible n’ont jamais avancé d’un seul pas » disait Bakounine. Nous voici limités, ou du moins, rassurés par nos petites possessions, et nous nous persuadons d’avoir atteint la stabilité, en possédant téléphones portables de dernières générations, vêtements de marques et voitures dernier cri. 

Naturellement, ces éléments nous servent et nous desservent. D’après des chiffres publiés en 2023 par l’agence de statistique Statista, plus 95% des Français possèdent un téléphone portable. Là n’est pas le problème. Seulement, chaque famille française possède en moyenne 9,8 écrans dans leurs maisons. Dix écrans, qui correspondent chacun à un abonnement d’une quarantaine d’euros par mois. Au-delà des téléphones eux-mêmes, ce sont aussi les applications payantes, les abonnements à divers sites, sans compter que l’achat de ces téléphones cités ci-dessus, s’effectue le plus souvent par voie de facilité de paiement, ou en plusieurs fois. 

Piège financier

Ce « plusieurs fois » est un véritable étranglement financier pour bien des familles. Quel que soit les revenus, la loi le dit bien : « Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez vos capacités de remboursement » (Loi sur le crédit à la consommation (n°2010-737 du 1er juillet 2010). Mais, à coup de panneaux publicitaire, vantant les mérites de tel ou tel téléphone, ou tel objet dont il est apparemment impossible de se passer, nombreux sont les Français à se laisser envouter par le produit qui changera leur vie.

On ne vérifie plus nos « capacités de remboursement ». Le produit doit être en notre possession hic et nunc. Nous voici donc plongés dans le « tout et tout de suite ». C’est de ce comportement que découle cet excès de publicité, de marketing outrancier de la part des grands groupes, qui depuis l’hexagone ou les start-up de la Silicon Valley, font miroiter au peuple, l’espérance d’une vie plus simple, par l’intermédiaire de tel ou tel objet. Voici donc l’Homme enfermé, de son propre chef dans sa caverne platonicienne, avec pour horizon, le miroir « tactile » de son compagnon portable.

Et si la vraie révolte passait aussi par la chute de la consommation des ménages ? L’Homme peut se défaire de cet enfermement technologique, consumériste et de cette prise d’otage financière. En revenant à une philosophie plus juste. Non pas une philosophie « grand public », insufflée par tel ou tel « spécialiste » du « développement personnel » très présents sur les plateaux de télévision, mais par une révolution intérieure. Naturellement, la consommation sera toujours présente, mais celle-ci doit être mieux appréhendée. Consommer mieux, acheter plus responsable et se contenter du peu, relire Giono, aussi.  Ressentir le chant du monde, en rejoignant les grands chemins, en bref.

Par Mehdi Bouchali

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