Candice Delmas : un alliage philosophique avec la violence

La philosophe Candice Delmas figurera parmi les quatre invité.es de notre débat autour de la désobéissance civile. Portrait.

Professeure associée au département de philosophie, de religion et de science politique de l’université Northeastern de Boston, Candice Delmas publie son premier livre, Le devoir de résister : Apologie de la désobéissance incivile, en 2022. Combinant le statut de philosophe et de politologue, elle est spécialiste en philosophie politique et sociale. Ses recherches se portant principalement sur les éthiques (bioéthiques, neuroéthiques, philosophie féministe), elle a décidé de faire escale à l’université de Lyon afin enquêter sur les blessures que certain.es activistes s’infligent eux.elles-mêmes pour lutter contre l’ordre qu’elles et ils estiment injustes.

Lutter contre l’ordre n’a pas toujours les mêmes implications. Construire une pensée sur la base de l’action politique, violente ou non-violente, n’est également pas confortable pour un.e philosophe. La violence, à la fois concept, fin et moyen, n’occupe pas une place privilégiée dans le champ de la pensée. Or, réfléchir aux enjeux de la violence a une teneur d’autant plus particulière qu’elle refait surface de plus en plus régulièrement dans le débat politique.

Candice Delmas propose alors de prendre le temps de saisir le nuancier qu’une telle question recouvre. Ou, pour être plus précis, les questions que la mobilisation théorique et pratique de la violence amènent nécessairement à nous poser. Avons-nous un devoir moral d’obéissance à l’égard de la loi ? Quand puis-je l’outrepasser ? Quelles sont les limites stratégiques et éthiques de la non-violence ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Comment penser la résistance aux autorités ? Il apparaît impérieux, alors, de nous imposer de telles réflexions afin de nous orienter dans ce qui se devine comme étant la nouvelle donne contemporaine des mouvements sociaux.

L’investigation philosophique menée par Candice Delmas emprunte les voies escarpées de la critique. La “sainte-trinité” que forment Mahatma Gandhi, Martin Luther King et Nelson Mandela, icônes de la désobéissance civile, n’est pas aussi lisse que l’opinion installée nous laisse le croire. La discussion autour de leur pertinence stratégique nous invite à prendre conscience des impasses éthiques de la non-violence. C’est en soumettant à un examen critique, pour reprendre Roland Barthes, ces mythologies politiques que, de la violence, il pourra être convenablement traité.

Il ne s’agit pas de réhabiliter la violence mais d’écarter les idées préconçues que l’on s’en fait. Quand l’injustice devient par trop criante, il ne faut plus se laisser écraser.

L’échange qui se profile, nous l’espérons, allumera des mèches afin de sortir de l’ornière d’une époque où tout est prétexte au soulèvement.
Pour en savoir plus sur notre invitée, vous pouvez vous rendre sur son blog personnel.

Plus d’informations sur notre conférence ici !

Par Jahs

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