Transformer l’espoir en actions

A quelques jours du premier tour des législatives anticipées, notre journaliste appelle à ne pas céder à la résignation.

Il y a deux semaines, je votais pour la première fois. J’étais fière de sortir ma carte électorale encore vierge, de glisser mon bulletin dans l’enveloppe et de la déposer dans l’urne. Mais en quelques minutes, c’était fini. J’ai quitté la mairie de mon petit village en me disant que je n’y revoterai peut-être pas, ayant en tête les municipales de 2026, pour lesquelles j’aurais sûrement changé de bureau de vote. J’étais loin de m’imaginer que je serai rappelée aux urnes trois semaines plus tard.

Réfléchir et agir

D’abord, ça a été le choc. Pas le choc des résultats des élections européennes, avec l’extrême droite en tête. Ça, j’y étais préparée. Mais le choc quand une heure après, Emmanuel Macron a activé l’article 12 de la Constitution et dissout l’Assemblée nationale. J’avais entendu Jordan Bardella la réclamer comme une réponse logique aux 30% de voix exprimées pour son parti, deux fois plus que le parti présidentiel. Qu’elle ait été réfléchie en amont ou non, cette décision a inévitablement fait écho à la demande du Rassemblement national. Emmanuel Macron, seul contre tous même au sein de son parti, a cédé à Jordan Bardella l’enfant gâté. Il ouvre à l’extrême droite les portes du pouvoir malgré avoir affirmé à plusieurs reprises lui faire barrage.

Chez moi, j’étais tétanisée, au bord des larmes et du désespoir. J’avais peur pour la République, pour les libertés fondamentales durement acquises au fil des ans, pour l’exercice du métier de journalisme. Je me suis abandonnée à mes émotions pendant une heure, avant de réfléchir à ce que moi, en tant que jeune journaliste en devenir et en tant que personne, je pouvais faire pour lutter contre l’extrême droite, si proche de gouverner. Réfléchir et agir, pour ne plus céder à la peur, pour me créer de l’espoir.

Informons-nous

Et l’espoir est arrivé le lendemain. Voir que malgré ses divergences, la gauche avait répondu présent à l’appel d’union immédiatement lancé par François Ruffin ; le programme commun mis sur pieds quelques jours plus tard ; les milliers de personnes se mobilisant dans la rue dès le soir du 9 juin contre l’extrême droite ; tout ça m’a donné de l’espoir. On a retrouvé une alternative politique solide, j’ai refusé de céder à la peur à nouveau. Même en apprenant la candidature d’Adrien Quatennens, auteur de violences conjugales, bien qu’inadmissible aux yeux de milliers de femmes. Il s’est par la suite retiré des élections, il a été raisonnable. C’est cet espoir que j’ai voulu transformer en actions.

Alors aujourd’hui, j’agis en tant que journaliste. Comme plusieurs de mes collègues à Combat, j’ai voulu m’exprimer sur le sujet. Je ne voulais pas que tout ce sur quoi on écrit, les causes sur lesquelles a été fondé ce média soient balayées par une arrivée précipitée du Rassemblement national au pouvoir. Il me semble plus important que jamais d’informer sur ce qu’est l’enjeu des prochaines élections, de démêler le vrai du faux dans les discours et programmes politiques et de limiter le risque que notre démocratie encourt actuellement. Informez-vous, informons-nous, et ne reproduisons pas la même erreur qu’aux européennes.

Par Axelle Sergent

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