Gueule de bois électorale

Dans un contexte politique qui broie l’avenir, comment réapprendre à lutter?

Il est 1h du matin, et impossible de fermer l’œil.

Contre moi, la respiration apaisée de ma fille endormie m’apaise et me terrifie à la fois.

Depuis des heures, je me repasse en boucle les images de cette soirée électorale cauchemardesque. Je me souviens de cette époque où, enceinte, je me promettais de déplacer des montagnes pour donner à mon enfant l’avenir le plus radieux possible.

Il est 1h du matin, et impossible de fermer l’œil.

Contre moi, la respiration apaisée de ma fille endormie m’apaise et me terrifie à la fois.

Dans quel monde vais-je devoir l’élever ? Dans un pays prêt à ouvrir grand ses portes au fascisme. A une époque où on nous apprend que les enfants nés après 2010 vont grandir dans des conditions climatiques mortelles.

Il est 1h du matin, et impossible de fermer l’œil.

Contre moi, la respiration apaisée de ma fille endormie m’apaise et me terrifie à la fois.

Je voudrais agir. Mon cœur bouillonne jusqu’au bout de mes doigts. Un besoin insatiable de faire quelque chose, là maintenant, tout de suite, de renverser le monde pour le reconstruire comme un château d’allumettes, plus solide, plus droit, plus sûr. Peut-être que tout cela n’était qu’un mirage, et qu’on pourrait tout mettre sur pause, puis tout recommencer.

Il est 1h du matin, et impossible de fermer l’œil.

Contre moi, la respiration apaisée de ma fille endormie m’apaise et me terrifie à la fois.

Dans mon métier, agir, c’est informer. Mais aujourd’hui, informer me semble insuffisant. Comment avancer quand on ne prêche que des convaincus, quand les médias sont pointés du doigt comme des convoyeurs de mauvaises nouvelles, voir de fake news. Comment on avance en tant que journaliste, en tant que mère, en tant que femme, quand tout autour de nous s’écroule et qu’un sentiment d’impuissance semble nous terrasser ?

Il est 1h du matin, et impossible de fermer l’œil.

Contre moi, la respiration apaisée de ma fille endormie m’apaise et me terrifie à la fois.

Ce soir, j’ai peur. Ce soir, notre époque tisse des nœuds dans mon ventre et me pèse sur les épaules. Il fait nuit et l’obscurité règne. Mais à l’aube, je serai puissante. Demain, nous érigerons des barricades. Et nous empêcherons le monde de se défaire.

Par Charlotte Meyer

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