La cerise sur le gâteau

Entre montée du fascisme et bâillonnement de notre liberté d’expression, Capucine Bastien-Schmit s’interroge sur l’avenir du journalisme.

29 octobre 2023. J’écoute France Inter, « Le Grand Dimanche soir ». D’origine juive, cela ne m’empêche pas de rigoler de bon cœur à la blague de Guillaume Meurice sur Netanyahou.

9 juin 2024. Événement historique sans précédent. Emmanuel Macron ouvre la porte à un gouvernement RN en s’agenouillant devant leur demande : la dissolution de l’Assemblée Nationale. À l’heure où un génocide se poursuit à Gaza, à l’heure où l’extrême droite prend de plus en plus de place en Europe, la France ne nous laisse plus aucun espoir. Le fascisme est aux portes du pouvoir.

11 juin 2024. Je me suis réveillée atterrée. Guillaume Meurice licencié pour faute grave par Radio France.

La cerise sur le gâteau, dirait-on.

Où est parti mon pays ? Où est parti le pays des droits humains ? Celui de la liberté d’expression ?

Alors serait-ce vrai ? Ne peut-on vraiment plus rien dire ? Devons nous éternellement nous taire ? 

Demain, sera-t-on bâillonnés ?

J’ai 19 ans et mon rêve a toujours été de travailler à Radio France. Aujourd’hui, mon rêve est brisé : je ne veux pas travailler pour des personnes condamnant un humoriste dénonçant un génocide.

J’ai 19 ans, je veux des enfants mais je suis terrorisée par le monde dans lequel ils vont grandir.

En tant que citoyenne, j’ai mal pour mon pays.

J’ai mal pour tous les défenseurs de la liberté d’expression à travers l’Histoire, j’ai mal pour Louise Michel et pour Victor Hugo.

En tant que journaliste, j’ai peur pour l’avenir de notre métier. Demain, ne pourra t-on plus écrire ce que l’on veut ? Sera t-on bâillonnés ?

Face au vote des Françaises et des Français, face à la décision irresponsable d’Emmanuel Macron, face au licenciement de Guillaume Meurice, face à la montée des extrêmes, au fascisme, à l’état de la France, un sentiment d’impuissance s’abat sur moi.

Je ne suis guidée plus que par ma plume pour t’écrire, à toi lecteur, à toi lectrice, à quel point l’heure est grave.

Par Capucine Bastien-Schmit

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