Caroline Nicoullaud, l’humoriste sans tabou

Chaque lundi, Combat vous emmène découvrir une femme qui change le monde à sa manière. Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de celle qui rit de ses problèmes intimes et qui aborde sans tabou les sujets de santé mentale.

“Il fut un temps dans ma vie où je me sentais très seule. Mon corps l’a compris, et j’ai chopé le ver solitaire.” Voilà le genre de phrases que l’on trouve dans les vidéos de Caroline Nicoullaud sur Instagram. A 26 ans, la jeune femme parle sans retenue de ses problèmes intimes afin de les dédramatiser, d’en rire et de décomplexer les personnes qui auraient des problèmes similaires. 

Au départ juriste en droit des affaires, Caroline Nicoullaud s’est réorientée il y a trois ans dans la communication puis dans l’humour et le stand up. Bénéficiant du soutien d’une communauté grandissante d’un million d’abonné.e.s  tous réseaux confondus, elle aborde sans complexe ses difficultés de santé, physique ou mentale. 

Dans un livre paru aux éditions Robert Laffont en 2024, J1 pour aller mieux, l’humoriste traite des problèmes gynécologiques et de la charge mentale qu’une femme peut avoir. Derrière l’humour, il y a donc un réel message à faire passer. 

De l’humour nécessaire

Aller sur le compte Instagram de Caroline Nicoullaud, c’est un peu comme rentrer dans son intimité. “Je fais mes vidéos comme quand je raconte mes problèmes à mes copines. C’est exactement avec la même vulnérabilité et le même énervement que je pousse ces coups de gueule, sans filtre.” Ses vidéos, aussi drôles soient elles, sont essentielles. “J’aurais aimé, quand j’avais 16 ans, avoir une fille sur Internet qui me parle de règles et de problèmes gynécologiques sans complexes.” Et puis, “il faut bien montrer aux hommes que la santé gynécologique des femmes, qui est longtemps restée un tabou, compte et qu’il faut absolument faire avancer la recherche là-dessus.”

À force de problèmes gynécologiques, la santé mentale de Caroline Nicoullaud a commencé à se dégrader : “avoir ce genre de problèmes, c’est une charge mentale énorme. Il faut tout gérer sans pouvoir en parler à personne parce que c’est tabou.” Alors, un jour, la jeune femme a décidé d’envoyer valser les conventions sociales et de parler à sa communauté de ses angoisses, ses doutes et ses traumatismes. “Ça m’a fait beaucoup de bien, confie-t-elle, et surtout, je me suis sentie moins seule.” 

Casser les stéréotypes

Le milieu de l’humour et du stand-up n’est pas facile, surtout quand on est une femme. “Il y a toujours un homme pour dire ‘elle est drôle pour une meuf’ ou pour critiquer ma façon de m’habiller » s’agace l’humoriste. Elle ajoute : « on est toujours ramenées à notre physique, quoi qu’on fasse sur scène. C’est vrai que de ce point de vue, j’ai toujours eu de la chance car j’ai une communauté très bienveillante. En revanche, je pense qu’on a toujours plus de pression quand on est une femme. Il n’y a que trop peu de femmes sur les plateaux de stand up. Souvent, on en place une pour remplir le quota. C’est honteux, alors je fais toujours en sorte de participer à des plateaux 100% féminins ou des plateaux paritaires. Les hommes se montent la tête sur la soi-disant compétition entre les femmes mais, en réalité, il y a une véritable sororité qui est belle à voir.”

Si Caroline Nicoullaud nous fait autant rire, c’est bien car on a toutes (eu) des problèmes de cet ordre et qu’il faut absolument casser les clichés sur la femme parfaite, aussi bien véhiculés par les hommes que par les femmes, notamment à l’ère des réseaux sociaux.

Alors, fini les langues de bois !

Par Capucine Bastien Schmit